Des artistes catalans à PALEKH

Exposition et démonstration du 19 au 23 août 2009
 

Du 24 juillet au 9 août s’est déroulé le 1er salon international d’Art au Barcares.

Réunissant plus de 55 artistes (peintres, sculpteurs, photographes ..), ce salon a réuni les artistes catalans du sud et du nord à part égale. Un grand moment de qualité, d’échange et de contacts. Des démonstrations de peinture sur place permirent aux visiteurs intéressés d’approcher au plus près les artistes en action. L’objectif était de créer la communication entre les artistes et le public. Et il semble que le courant passa.

La cerise sur le gâteau fut l’invitation d’un grand artiste russe reconnu dans son pays, exposant dans de grandes galeries et dont les œuvres sont désormais sur les cimaises de différents musées. Il n’a pas de toiles en stock. Tout étant vendu systématiquement.

Peintre de l’imaginaire fantastique et futuriste, Alexandre Krasnov, formé aux écoles de la miniature, avec des œuvres apportant la 3eme dimension dans ses toiles, fut très appréciée lors de sa présence et ses démonstrations au salon international de l’EAC au Barcares.

Mme Hélèna Krasnova, sculptrice, 13 années d’études aux Beaux arts de Krasnoïarsk, était aussi présente, avec ses délicats portraits d’Alien et ses pièces en terre cuite aux formes remarquables.

Alors qu’ils retournaient vers Krasnoïarsk, nos amphitrions catalans, invités d’honneur du salon de Palekh, se préparaient au voyage vers cette ville de Russie située à 400 kms au nord de Moscou.

4000 habitants, 700 artistes, dont 60% vivent encore sur place, Palekh est le centre des écoles de la miniature russe depuis plusieurs siècles.

Le salon annuel de Palekh réunira des artistes de toute la Russie, faisant appel aux anciens élèves et aux artistes européens et doit avoir lieu du 19 au 23août 2009.

Maurice et Georges AZRA , peintre et photographe, habitant du canton des Albères des PO, furent nos représentants lors de cette manifestation.

Le voyage vers Palekh se déroula en trois temps.

Perpignan-Paris en TGV.

Paris - Moscou en avion avec un petit détour par Pragues,

Moscou – Palekh en voiture. Ce fut la partie du voyage la plus périlleuse. Il fallait être arrivé pour 11h00, heure à laquelle le ministre de la culture devait ouvrir le salon, bien qu’ayant déjà retardé son arrivée de 2 jours pour faire correspondre l’ouverture du salon avec le jour d’arrivée de nos deux Français.

Les 400 kms sur les routes de Russie furent épiques. La grande vitesse des véhicules sur les voies secondaires nous surprit. Nous arrivions dans la Russie profonde où il fait bon vivre, mais où il faut être du coin pour trouver son chemin, car il n’existe plus alors de panneaux de direction. Nos interprètes, venues spécialement de Krasnoïarsk pour nous aider dans notre aventure, furent à la hauteur pour nous amener dans les délais à l’ouverture du Salon.

La petite ville de Palekh, bâti autour d’une superbe église orthodoxe, fierté des villageois, et objet de tous les arts développés dans cet univers, nous accueillit avec joie et fierté.

Le vernissage et l’ouverture de ce salon international eurent lieu dans un parc attenant à la maison des organisatrices (de type Isba, mais avec toutes les commodités). Un orchestre fit l’ouverture. On annonça la présence de chaque artiste avec force détails. Nous avions l’air d’être des artistes venant du bout du monde.

Marcos Vardan - voir ses vidéos

Marcos VARDAN , ami des KRASNOV, un des meilleurs violonistes du moment, jouant sur un instrument équivalent au Stradivarius, nous gratifia d’un concert spontané devant le musée de la miniature.

Toute la ville de PALEKH était en fête. Des manifestations artistiques étaient organisées dans chaque quartier de la ville. Chaque musée fut à l’honneur et accueillait des artistes en exposition.

Maurice AZRA fut l’objet d’un accueil de faveur en l’honneur de la France. Il exposait ses toiles imaginaires et fantastiques au musée de la sculpture Didikin.

Les musées ne sont pas des grosses bâtisses, mais des petites maisons en bois, rajeunie de façon remarquable pour accueillir des expos permanentes et répartis dans toute la ville. Chaque visiteur peut ainsi organiser son circuit artistique en fonction de ses intérêts et des manifestations proposées. Nous fûmes ainsi conviés à participer à différents petits vernissages ici et là, accueillis de façon remarquable, autour de l’habituel « Tchaï » et petits gâteaux.

Ainsi nos catalans ont été amenés à rencontrer de nombreux artistes locaux qui sont venus à leur rencontre et qui leur ont manifesté leur volonté de les accueillir chez eux, personnellement.

Ainsi, au cours du séjour, ils furent conviés chez Monsieur SMIRNOV. Artiste dessinateur de miniatures religieuses. Il leur montra l’œuvre immense dont il est l’auteur. Des tableaux de petites dimensions, d’une grande précision, pleins de couleurs subtiles, ornent les murs de toutes les pièces de la maison de bois. Une grande sensation de confort amical régnait lors de cette visite. Tout est montré et avant leur départ une bible simplifiée en russe avec de nombreux dessins, leur fut offerte en guise de remerciement. Le Maître s’est dit prêt à mettre à la disposition de notre peintre un chevalet et son jardin d’où l’on a un point de vue unique et surprenant sur l’église locale, si l’envie de « croquer » l’église lui prenait envie. C’était un grand honneur.

De même pour ne retenir que notre hôte suivant parmi la multiplicité des artistes qui les entouraient, ils furent conviés à visiter le jardin de Natacha, qui elle même était la gardienne du musée de la sculpture où elle fit connaissance avec Maurice et Georges. C’est son mari en personne, Monsieur Vladimir BUCHKOV, qui vint chercher nos hôtes dans leur lieu de résidence. L’un des 4 grands maîtres de l’iconographie russe actuelle. Ils passèrent plus de deux heures à regarder avec surprise et admiration son travail, ses réalisations et ses bibles inestimables, dorées sur tranche, que seuls les gouvernements et l’église peuvent commander pour honorer leurs hôtes internationaux. « Nous écoutions et regardions avec admiration cet homme simple, si amical à notre égard et fier de nous montrer tous ces bijoux de l’art iconographique. Il nous gratifia d’un livret récapitulatif où ses œuvres sont mentionnées ».

Vladimir rappelle qu’il fait partie d’un groupe de quatre artistes travaillant ensemble à ces œuvres toujours renouvelées. Bien que ce travail soit minutieux et précis, Vladimir est un artiste qui travaille vite, explique-t-il. Voilà que qualité et rapidité peuvent faire bon ménage dans l’absolu lorsque des artistes hors pair et reconnus se lâchent sans réserve dans l’exercice de leur art.

Enfin Natacha nous emmena visiter son jardin, organisé en cheminement de pierres, bordé de fleurs aux couleurs étincelantes. Une mini pièce d’eau, servant d’éventuelle piscine, accueille différentes plantes aquatiques et pierres en bouquets. Nous passons devant le sauna local (Banya).

Pour clore la visite, Maître Bouchkov invite nos français à un Samovar (cérémonie du thé). Mais que nenni, ce ne fût qu’un intermède, car les voilà embarqués dans un petit repas très complet préparé à la volée par Natacha en l’honneur de l’anniversaire de son fils qui à l’occasion recevait ses copains. Il fût très difficile à nos catalans de s’esquiver sans provoquer des regrets. Une image de grande gratitude restera dans leur mémoire.

Nos deux catalans étaient logés chez l’habitant ; en fait chez l’habitante. Deux sœurs jumelles, Viera et Nadia, les accueillaient dans une très grande maison en bois où chacun avait sa chambre. Le salon était commun ainsi que la cuisine et les commodités. C’est ainsi que leur relation avec le violoniste Vardan qui logeait là avec sa « productrice » d’épouse, put être approfondie.

La seconde journée du déroulement de ce salon, fut l’occasion de nombreuses manifestations.

Le point d’orgue fût l’ouverture de l’exposition de tous les peintres présents de Russie au musée principal de Palekh. Georges Azra y exposait ses photographies sur Paris et présenta un diaporama musical dédié à la ville de Palekh. Les « locaux » s’étonnèrent d’y découvrir une ville qu’ils n’avaient pas imaginée sous cet angle. L’œil du photographe y avait apporté l’enchantement. Nina en profitait pour nous rappeler le souvenir d’Edith Piaf avec sa voie et sa gouaille, en français bien sûr.

Maurice Azra poursuivit l’après midi avec une démonstration de peinture au couteau devant le public au musée de la sculpture. Installé dans les jardins avec un chevalet de fortune, il réalisa une toile sur le thème de la pomme, objet des fêtes religieuses locales du moment. Sur la toile l’orthodoxie rejoignit Collioure sur un lac de lumière, séparés par une inévitable passerelle de communication au dessus de laquelle une pomme géante semblait en lévitation. Tout Palekh s’était déplacé pour voir le Catalan à l’œuvre. C’est la vitesse d’exécution qui fût retenue dans l’étonnement général. Le travail au couteau les sortait des chemins battus de la brosse et du pinceau à trois poils. Le Maire de la ville vint gratifier notre hôte d’un sincère remerciement pour sa présence en ces lieux.

Le lendemain, profitant de la nouvelle relation créée chez l’habitant avec Marcos Vardan, le peintre lui proposa de réaliser dans l’après midi un moment d’art unique. Il devra consacrer 20 minutes de son art au violon auprès de Maurice, pendant que ce dernier réalisera une toile en fonction des thèmes joués. Un exercice périlleux, qu’il accepta de réaliser. (lien vidéo)

C’est en petit comité d’initiés que cette rencontre eut lieu près du musée de la sculpture. Vingt minutes de bonheur, gravées sur Video, pour les invités qui purent assister à la création d’une œuvre en direct, en fonction des sentiments que Marcos tira de son violon.

Ce fut un moment rare, plein d’émotion et de plaisir. C’est avec des larmes aux yeux que Marcos finit sa tournée le lendemain.

Chez Natacha l’organisatrice, c’était la maison du bon dieu. Qui entrait, recevait à manger et à boire sans restriction. Tout était ouvert. Les artistes dormaient là où ils pouvaient. La mère de Natacha s'activait pour faire du thé ou du café à volonté. Des invités amenaient des gâteaux, des fruits, des spécialités. On pouvait s’attabler à la cuisine sans autorisation où aller dans l’atelier de Natacha, admirer son travail titanesque de Pénélope à la recherche d’un ami perdu.

Les meilleurs moments ont une fin, dit-on, et pourtant à l’instar de Viera et Nadia qui ne voulaient pas nous laisser partir, c’était surtout l’avenir d’un grand salon à Krasnoïarsk, chez les Krasnov, en 2010, qui se mettait déjà en place.

La responsable de la culture et de l’organisation des grandes manifestations de Krasnoïarsk, Madame Svetlana Sokovich, était là pour nous parler de la mise en place des « premières pierres » de la future exposition internationale qui se déroulera en 2010 dans cette ville de plus de 400 000 habitants. Un accueil particulier sera réservé aux œuvres sélectionnées de plusieurs de nos artistes catalans.

L’association EAC, « Echanges Artistiques en Catalogne », devra à nouveau relever ce défi, après le 1 er salon international qu’elle réalisa dans la ville de Port-Barcares en 2009.

 

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